Aujourd’hui, nous étions 6 à plonger dans cette « nouvelle » gravière de Kork.
Jean, Philippe F, Olivier, Franck, Philippe S et moi.
Pour l’occasion, nous avions décidé de « taper » le fond, pour déjà savoir à quoi cela ressemble la en dessous, et pour nous faire une profonde en entraînement avant la visite du France à ANNECY.
Préparant le matériel ce matin, je choisis 5 bouteilles double-sortie et 1 bouteille une sortie. Pour la bouteille une sortie, je prends une araignée ( un premier étage muni de 2 détendeurs, un direct system et une console avec comme instruments un manomètre et un profondimètre. )
Jean n’ayant pas d’instruments, je décide que ce sera lui qui obtiendra cette araignée.
Devant la gravière, les binômes sont constitués : Philippe F et Olivier, Philippe S et Franck, Jean et moi, sachant que nous décidons de constituer une seule palanquée de 6 plongeurs.
Une fois passé le coup de hache au front à cause du froid de l’eau ( 3° sur mon ordinateur ) , notre palanquée longeant le fond subaquatique, nous arrivons dans la zone des –35 m.
Un regard à Philippe S, mon binôme préféré, et je comprends que tout se passe bien ( il faut dire que tous les deux nous nous comprenons même sans nous regarder ), j’interroge un après l’autre les autres membres de la palanquée qui me répondent tous d’un geste bref et précis de la main pour me signifier leur bon état mental.
Jean me tape sur l’épaule et me fait signe que sa bouteille a 100 bars. J’enregistre l’information et décide de poursuivre la plongée.
Une seconde tape sur l’épaule, je me retourne, et je vois Jean, son détendeur en main – et non en bouche – avec un nuage de bulles ! Pour les non initiés – ce qui ne serait pas normal au vu de votre formation, le détendeur fuse de tout son air, s’époumonant afin de disperser dans la gravière au plus vite les 100 derniers bars !
Je fais signe à Philippe S que Jean et moi remontons, je saisis le gilet de Jean, regarde mon ordinateur, et nous entamons notre remontée, décollant des –35 mètres pour regagner la surface.
Jean, le détendeur fusant dans la bouche, a les joues comme celles d’un boxer !
La remontée se poursuit, je regarde mon ordinateur, nous sommes à –20 mètres.
D’un regard discret, j’analyse le manomètre de mon compagnon d’infortune, il ne lui reste plus que 5 bars ! Je regarde le mien, 110 bars. Je lui tends mon octopus, il le saisit le met en bouche et retrouve figure humaine. Nous voilà à deux sur ma bouteille. Et la remontée se poursuit sans encombre. Mon ordinateur m’affiche que nous pouvons sortir sans palier. Je décide de laisser tomber le palier de principe, Jean n’ayant plus d’air dans son gilet ni dans sa bouteille.
Nous faisons surface, tout va bien, nous avons la banane, nous sommes conscients d’avoir vécu une sacrée aventure ! Jean me surnomme Benoît XVII, nous nous dé-briefons et regagnons la « plage », à la nage en surface. J’en profite pour saluer son calme et le félicite de ses réactions.
Je montre à Jean les bulles des 4 plongeurs sous nos palmes.
Nous discutons de notre aventure en nageant sur le dos, quand au loin, nous voyons Philippe S et Franck percer la surface comme deux ogives nucléaires iraniennes. Philippe enlève immédiatement sa cagoule, son masque, ce qui n’est pas dans ses habitudes. Je siffle, lui demande par geste si tout va bien, sa réponse est désordonnée, pas dans son habitude … je dis à Jean qu’il y a des soucis la aussi.
Philippe et Franck regagnent le bord du plan d’eau directement, sans revenir par la plage, curieux !
Jean et moi attendons avec impatience le retour des rescapés pour avoir des explications.
Philippe nous raconte sa fin de plongée.
« Après votre décollage ( à Jean et Benoît ) je prends la direction de la palanquée. Nous nageons quelques mètres et je demande à voir l’ensemble des manomètres. Franck affiche 40 bars et je décide donc de stopper la plongée, nous sommes à –35 mètres. La remontée se passe bien jusqu’à –10 mètres. A ce moment, je vois Franck la tête en bas, essayant de purger son gilet par l’arrière. Je pense qu’il n’est pas assez lesté et saute sur la poignée de sa bouteille, purgeant mon gilet et vidant mes poumons. Rien n’y fait, nous montons très vite, nous perçons la surface, j’arrache ma capuche, mon masque, Franck tousse, s’essouffle, prend son détendeur en bouche pour avoir plus d’air, son gilet est gonflé, il flotte, donc pas de danger. Je préviens Benoît que tout va bien, et je décide de tirer Franck vers la berge, sans passer par la plage d’accès. Arrivés aux voitures nous racontons notre remontée, Franck nous explique qu’il était transi de froid et que de ce fait, était incapable de purger son gilet, qu’a mi-profondeur il avait perdu son détendeur pour n’arriver à prendre son octopus qu’à 3 mètres de la surface, d’ou son essoufflement. »
Nous décidons de leur donner des aspirines ( merci Laurence pour ta trousse ) à titre préventif.
Philippe F et Olivier arrivent, tout heureux de leur plongée, et ignorants nos aventures respectives. Nous leur racontons et Olive, à son habitude, fait le clown, déclarant que dans notre association, nous ne plongeons plus avec des instruments, mais aux ... aspirines !
Un café et des petits gâteaux offerts par Jean nous réconfortent.
Nous nous quittons, je prends des nouvelles de Philippe S et Franck, ils vont bien !
Moralité : aucune plongée n’est anodine !